Les terres sigillées
Le terme "terra sigillata" apparaît au 19ème siècle pour définir la céramique gallo-romaine fine à vernis rouge, souvent ornée de motifs en relief.
"Sigillum" (de signum) : signifie petite marque, et par extension sceau, cachet .
Le "sceau" (de sceller) pour "fermer" la terre, la rendre imperméable.
Les potiers gallo-romains utilisaient, pour la fabrication de leurs pièces, des moules en terre, dans lesquels ils venaient imprimer en creux des motifs ou des scènes à l'aide de sceaux. Une fois ce moule cuit, ils appliquaient à l'intérieur une autre pièce en cours de séchage ; cette deuxième pièce se rétractait en finissant de sécher, et pouvait sortir du moule, avec les ornements en positif .
Ils posaient ensuite sur l'ensemble de cette pièce un engobe (argile + eau) si finement préparé, qu'il se vitrifiait à la cuisson .
L'ensemble de ce procédé est le principe de la technique des terres sigillées .
Dans le langage céramique actuel, le terme "terres sigillées" est destiné aux céramistes qui utilisent, en guise de glaçure, ces vernis naturels d'argile ; sans forcément impliquer l'utilisation de moules, et de sceaux donc. Ce qui pose question à certains, quant à la légitimité, étymologiquement parlant, de l'utilisation de ce terme pour ce type de production .
L'argile est composée de multiples plaquettes. On mélange une argile sèche à de l'eau ; au bout d'un certain temps, les particules les plus lourdes se déposent au fond, tandis que les plus fines restent en suspension en haut du bain. Ce sont celles-ci que l'on récupère sous forme d'une eau trouble qu'on laisse évaporer. Les particules d'argiles restant au même nombre, l'engobe se densifie jusqu'à une consistance laiteuse. On a préparé un "nectar d'argile".
Les pièces crues, polies et totalement sèches, sont trempées dans ce nectar ; un mince voile se dépose sur les parois. C'est ce voile qui se vitrifie à la cuisson, puisqu'il est composé des plus fines particules de cette argile.
De la découverte d'une nouvelle argile au détour d'un chemin, à la douceur d'une pièce polie nichée au creux de la main, le principe même de cette technique me ravit, par la simplicité théorique de son procédé, et la richesse des possibilités qu'il contient .
Tous les paramètres qui suivent peuvent interagir, et permettent d'élargir la palette de tonalités et d'effets de matières obtenus sur le vernis naturel d'une argile : la température de cuisson, le bois utilisé pour la cuisson, l'atmosphère à l'intérieur et à l'extérieur du four, les différentes superpositions des argiles, les pièces cuites à même la flamme ou en cazettes avec ajout de matières minérales et organiques au contact de l'argile, la part de ce que nous ne maitrisons pas, ....
On peut donc aisément imaginer que cette technique n'est pas une science exacte, et il est vrai que le défournement procure joies et déceptions.
L'intérêt d'une pièce réside dans son authenticité, car le tesson cérame et l'intention qu'on lui a insufflée résisteront au temps.
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